Toscane (Lucien) : Eloge du mensonge

La meilleure démonstration de la relativité du réel et du vrai, bref de l'existant, c'est de lever la tête la nuit vers les étoiles et les planètes. Comme vous le savez, vous ne pouvez pas voir plus loin que 14 milliards d'années-lumière puisque 14 milliard d'années c'est grosso modo la date du Big Bang et qu'avant, il n'y avait prétendument rien (on laisse tomber le discours: rien, c'est déjà quelque chose, d'accord?). Pas grave, me direz-vous puisque cela vous permet de voir l'univers et son histoire. Eh ben non, pas exactement, parce que depuis 14 milliard d'années, l'univers est en expansion, le bougre, et que, tenez-vous bien, tout le drame est là, sa vitesse d'expansion est supérieure à celle de la lumière. Wikipédia: "Le rayon de l'univers visible est une seconde-lumière plus grand chaque seconde ou de manière équivalente une année-lumière plus grand chaque année". On estime aujourd'hui que l'univers théoriquement "observable" est de l'ordre de 45 milliards d'années-lumière. C'est donc simple: en levant la tête, on ne peut voir qu'une partie de plus en plus petite d'un univers qui n'est pas vraiment réel puisque non observable - "Esse est percipi", exister c'est être perçu, disait en 1710 l'évêque et philosophe irlandais George Berkeley - mais qui existe quand même en théorie et dans les calculs. Voilà de quoi nous rendre humble.
Lucien Toscane, ex-chroniqueur du magazine 01-DSI

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

← Passez d'un texte à l'autre avec une flèche de clavier ! →