Ô Forêt, toi qui vis passer bien des amants
Le long de tes sentiers, sous tes profonds feuillages,
Confidente des jeux, des cris, et des serments,
Témoin à qui les âmes avouaient leurs orages.
Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus
Un jour d'été fouler tes mousses et tes herbes,
Car ils ont trouvé là des baisers ingénus
Couleur de feuilles, couleur d'écores, couleur de rêves.
Ô Forêt, tu fus bonne, en laissant le désir
Fleurir, ardente fleur, au sein de ta verdure.
L'ombre devint plus fraîche: un frisson de plaisir
Enchanta les deux coeurs et toute la nature.
Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus
Un jour d'été fouler tes herbes solitaires
Et contempler, distraits, tes arbres ingénus
Et le pâle océan de tes vertes fougères.
Rémy de Gourmont - 1858 - 1915
Une sélection réalisée par Luc Fayard de textes et poèmes préférés (à part les siens !), choisis au fil de ses lectures...
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire