Apollinaire (Guillaume): La cueillette

Nous vînmes au jardin fleuri pour la cueillette.
Belle, sais-tu combien de fleurs, de roses-thé,
Roses pâles d'amour qui couronnent ta tête,
S'effeuillent chaque été ?

Leurs tiges vont plier au grand vent qui s'élève.
Des pétales de roses ont chu sur le chemin.
O ! Belle, cueille-les, puisque nos fleurs de rêve
Se faneront demain !

Mets-les dans une coupe et toutes portes closes,
Alanguis et cruels, songeant aux jours défunts,
Nous verrons l'agonie amoureuse des roses
Aux râles de parfums.

Le grand jardin est défleuri, mon égoïste,
Les papillons de jour vers d'autres fleurs ont fui,
Et seuls dorénavant viendront au jardin triste
Les papillons de nuit.

Et les fleurs vont mourir dans la chambre profane.
Nos roses tour à tour effeuillent leur douleur
Belle, sanglote un peu... Chaque fleur qui se fane,
C'est un amour qui meurt !

Guillaume Apollinaire, recueil Il y a, première édition, 1925.
Avec ce commentaire de je ne sais plus qui désolé sur fb: Voici un très beau poème intitulé "La cueillette", extrait du petit recueil "Il y a" de Guillaume Apollinaire. Celui-ci est écrit sur cinq quatrains en alexandrins (trois premiers vers) et hexasyllabes (dernier vers) dans la forme contemporaine.
"... L'ouvrage est moins parfait mais plus aigu qu'Alcools [...] C'est dans ce recueil qu'on trouve l'Apollinaire le plus audacieux et le plus baroque", Francis Poulenc évoquant le recueil "Il y a".
PS: de recueil "Il y a" est un regroupement posthume de différentes œuvres dont les poèmes sont piubliés par nrf Poésie/gallimard ne introduction à "Poèmes à Lou"

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