Les cieux vert-chou :
Sous l’arbre tendronnier qui bave,
Vos caoutchoucs
Blancs de lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères
Mes laiderons !
Nous nous aimions à cette époque,
Bleu laideron !
On mangeait des oeufs à la coque
Et du mouron !
Un soir, tu me sacras poète
Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
En mon giron ;
J’ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front.
Pouah ! Mes salives desséchées,
Roux laideron
Infectent encor les tranchées
De ton sein rond !
Ô mes petites amoureuses,
Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
Vos tétons laids !
Piétinez mes vieilles terrines
De sentiments ;
Hop donc ! Soyez-moi ballerines
Pour un moment !
Vos omoplates se déboîtent,
Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
Tournez vos tours !
Et c’est pourtant pour ces éclanches
Que j’ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
D’avoir aimé !
Fade amas d’étoiles ratées,
Comblez les coins !
– Vous crèverez en Dieu, bâtées
D’ignobles soins !
Sous les lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
Mes laiderons.
Arthur Rimbaud, la lettre du voyant, 15 mai 1871
Commentaire de Marcel Michel sur fb : Je partage avec vous, un poème qui n'est pas extrait d'un recueil mais est inséré dans la "lettre du voyant" que Arthur Rimbaud adresse à Paul Demeny le 15 mai 1871. Le titre du poème reprend un poème de Albert Glatigny extrait du recueil "Les flèches d'or" paru en 1864. Le poème est construit sur douze quatrains de rimes croisées féminines, masculines, en alternance d'octosyllabes/quadrisyllabes.
"Ici, j'intercale un second psaume, hors du texte : veuillez tendre une oreille complaisante, - et tout le monde sera charmé - J'ai l'archet en main, je commence", Arthur Rimbaud
NDLR: aujourd'hui on dirait que c'est un texte mysogyne et sadique....
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