Skif (Hamid) : Me voici

Me voici étrange et revenu 
aux sources du cuivre et des versets 
je m'habille de ronces, d'éclairs, d'une froide lumière 
jaillie de l'épée

Les mots ceints m'assurent la fragile mesure de mes propos
la chamelle blanche s'abreuve à l'ombre oblique du palmier
me guide sur l'énigme voluptueuse de sa marche

Je cherche
la colline d'ocre et d'or 
l'œil du faucon 
un reste de tison 
le lit du vent 
les voix de l'homme déserté

Aux portes du ciel je frappe
 et le bâton se rompt pour ne pas entendre 
le bruit qu'il fait

À Tipaza c'est l'heure des oliviers 
leurs feuilles chantent les psaumes et 
drapent les sépultures ouvertes

Je marche vêtu de souffles volés aux tombes 
de fragments d'étoiles 
perdues
de pétales trouvés sur les murailles du temps 
je chante des cantilenes suaves de liberté 
je suis les traces des chevaliers de sable 
le hennissement de leurs montures 
l'odeur de leur sang figé
Toute halte est ma demeure

Je cherche l'encrier des siècles 
la rose noire du sel 
un cri de feu 
une larme de pierre 
laver ta présence de ses plaies.

Hamid Skif. Poèmes d'El Asnam et d'autres lieux, ENAL, Alger, 1986.

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